L’existence
Sartre ne plaide pas pour l’engagement, ce qui suggérerait qu’on a le choix. Il constate et théorise l’absence de choix. On ne s’engage pas on est engagé. Et c’est précisément ce qui définit notre “essence” c’est à dire notre humanité. Cette essence que,précède notre existence. Car tout commence là : l’homme existe avant “d’être”.
Il existe comme vertébré, comme primate, comme principe de vie, c’est à dire comme fruit d’un réseau de déterminations. produit d’une histoire qui n’est que naturelle et pas encore culturelle. Et qu’est-ce qui lui permet de passer de “l’existence” à “l’être” , de la contingence à l’avènement, lui qui ne répondant nullement à une nécessité, se trouve là tout à fait par hasard ? Réponse : l’arrachement à lui-même. En d’autres termes, le lent mais irrésistible processus autoconstructif par lequel il échappe aux déterminismes pour accéder à la liberté.
C’est donc cette liberté qui le fait homme : non plus un simple existant, mais un “être”, un “être au monde”, d’où découle que toute son humanité -et toute l’humanité- est dans cette liberté ; que cette liberté se confond avec le projet dynamique qui a permis d’y accéder et renouvelle sans cesse cette accession. Elle est ce projet. Elle est projet. Projection. Or, par définition toute projection est un engagement.
D’après un article de Jean-François Kahn hors série Marianne mars-avril 2010