Brève de métro
Un jour de 1979 vers la station Charles Michel à Paris. Je préparais alors mon concours d’inspecteur et je m’étais retiré chez une de mes belles-sœurs de l’époque Marie-Claude.
Lorsque j’ai pris le métro ce matin à mon arrivée à Paris je ne pensais à rien de bien précis. D’ailleurs peut-on penser à Paris dans sa foule anonyme. Oui sans doute lorsqu’on en a pas encore perdu l’habitude. Après quelques minutes assis dans mon wagon j’ai enfin pris conscience de l’extérieur. J’ai alors vu ce kaléidoscope humain changeant au rythme des stations. Nous sommes à Jussieu je vais jusqu’à Charles Michel, je ne dois pas l’oublier.
Une femme légèrement obèse et pas très aimable vient de me faire déplacer ma valise et va probablement écraser par son embase un homme d’origine asiatique qui me fait face. Cela me vaut un sourire d’un homme qui ne voulait pas mourir étouffé sans un dernier échange humain.
J’essaie en vain de retrouver le visage des voyageurs qui étaient là avant, mais rien, le vide pourtant je les ai regardé plusieurs minutes. Je couvre le wagon de mon regard. A chaque arrêt c’est le mouvement des couleurs, des visages et des races. Une constante demeure, la tristesse, en vingt minutes de métro je n’aurai vu qu’un sourire, celui d’un l’homme asiatique inquiet devant deux cents livres de chaire humaine et qui n’a pas voulu mourir écraser sans un dernier sourire.