Programme Commun, PS et autogestion

Le “Programme commun” dont le nom complet est programme commun de gouvernement est le programme de réforme, adopté le 27 juin 1972 par le Parti socialiste, le Parti communiste français et signé le 12 juillet 1972 par ces deux organisations et certains radicaux. Robert Fabre signe le document au nom des radicaux de gauche. Il prévoyait un grand bouleversement dans les domaines économique, politique et militaire en France.

Militant de la CFDT des PTT depuis fin 70, je souhaitais m’investir politiquement. Deux choix s’offraient à moi, le PSU de Michel Rocard ou le PS issu du Congrès d’Épinay sur la base de l’alliance entre François Mitterrand et Jean-Pierre Chevènement. Je décidais de rejoindre le PS et en son sein le Ceres. (Centre d’études, de recherches et d’éducation socialiste). Le but était l’autogestion et le chemin politique qui m’apparaissait cohérent était le Programme Commun. J’ai adhéré au PS à Tours en 1972.
Début 1974, en arrivant à Orléans, j’ai pris contact avec la section locale du PS dans laquelle je me suis engagé. En 1977 j’étais parmi les candidats à la mairie sur la liste socialiste avec Jean-Pierre Delport élu Conseiller Général l’année précédente grâce en partie à mon soutien militant. A cette occasion j’avais imaginé et mis en œuvre “les réunions de pallier”, une innovation politique, à l’époque. Le principe était de trouver des électeurs décidés à inviter chez eux des voisins et des connaissances pour présenter le candidat. Cela a très bien fonctionné dans un canton comme Orléans La Source. De plus j’étais engagé dans le GSE (Groupe Socialiste d’Entreprise) ce qui m’a permis de faire une grosse campagne auprès des employés des chèques postaux. Jean-Pierre avec qui je suis encore ami le reconnaît volontiers. J’ai été un des artisans principaux de cette première victoire socialiste. En mars 1977 il m’imposera sur la liste pour les municipales malgré l’opposition de la tête de liste Michel de La Fournière. Je n’étais pas assez contrôlable et beaucoup trop contestataire pour ce recentré venu du PSU avec Michel Rocard. Michel de La Fournière était dans la ligne de la CFDT recentrée et en divergence d’avec le Ceres sur un certains nombre points à propos des “15 thèses sur l’autogestion“.

De mai à juillet 1977 le PCF, le PS et le MRG ont mené des négociations sur l’actualisation du Programme Commun. Mais des divergences de fond sur le champ sur des nationalisations sont apparu. Le PS voulait les réduire au secteur bancaire et le PCF cherchait à les étendre à de larges pans de l’industrie. D’autres divergences portaient sur le fonctionnement des institutions et la question de la défense européenne. Après les législatives de 1978, la rupture sera largement consommée, à l’initiative des radicaux et des communistes. Fin 1978, la renonciation du PS à certaines nationalisations m’apparaissent en contradiction avec les activités militantes des GSE (Groupes Socialiste d’Entreprises) au sein desquels je militais aux PTT, j’ai donc décidé de quitter le PS. Dans les 2 ans qui ont suivi j’ai œuvré pour l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand, notamment en participant activement à la diffusion de la “pétition pour l’union dans les luttes” dont j’ai été un des premiers signataires et cela malgré la résistance de la CGT et du PC.

En 1981 Mitterrand confirmera l’abandon de l’autogestion entant qu’idée de transformation de la société en même temps que certaines nationalisations. Tout cela était en prélude au virage de 1983 et à l’abandon définitif de la volonté de changement réel de la société. Pour moi, c’est la fin d’une leçon politique de plusieurs années. Je retiens qu’il faut avoir des idées, savoir s’y tenir, être toujours prêt à les assumer mais ne rien attendre des hommes politiques qui briguent le pouvoir.

Par la suite, je serai ponctuellement compagnon de route plus ou moins proche du PS à Tours. Mon engagement politique sera objectivé sur des points précis, laïcité en 2001, candidature de Jospin en 2002 et débat sur le Traité Constitutionnel en 2005. Sur ce dernier point, ma prise de position pour le NON en 2005 marque ma rupture définitive d’avec l’appareil du PS.