Le bagne de Cayenne
C’est en 1885, sous la IIIeRépublique, que renaît le bagne de Guyane. Non seulement pour les criminels condamnés aux travaux forcés, appelés les transportés, mais aussi pour les délinquants multirécidivistes, les relégués. Il suffisait d’avoir déjà écopé de plusieurs peines de plus de trois mois de prison (vol, vagabondage…) pour être expédié à vie aux antipodes. « Cette fois, il s’agit d’éloigner définitivement une population marginale, jugée irrécupérable car la prison n’a pas eu de prise sur elle », explique l’historien Jean-Lucien Sanchez, auteur de «À perpétuité. Relégués au bagne de Guyane». Paradoxalement, ce sont ces petits délinquants qui paient le plus lourd tribut. « Surnommés les pieds-de-biche, ils sont méprisés par les transportés et les surveillants. Dans la hiérarchie du bagne, mieux vaut être un criminel de sang qu’un voleur de poule », précise Jean-Lucien Sanchez. Entre 1885 et 1938, 22 164 relégués embarquent pour une traversée sans retour.
La population des bagnards se composent de plusieurs groupes : les transportés, les relégués et les libérés. Les transportés sont les criminels condamnés en assises et qui étaient avant dans les différents bagnes du territoire, dans les ports. Le bagne était rattaché à la marine, il succédait aux galères royales, Les relégués sont des petits délinquants qui sont là suite à la loi instaurant la relégation des récidivistes, proposée par Pierre Waldeck-Rousseau, alors ministre de l’Intérieur, et votée le 27 mai 1885. Cette loi entraîne l’internement à perpétuité de condamnés récidivistes sur le sol d’une colonie ou possession française, comme par exemple au bagne de la Guyane. Les libérés étaient les transportés qui avaient terminé leur peine mais ne pouvaient pas rentrer. Les relégués étaient les plus mal traités, “ce sont les honteux du bagne, de pauvres petits voleurs enfoncés dans l’anonymat. L’auréole de la guillotine n’a pas brillé au-dessus de leur tête. La considération, ici, ne commence qu’au vol qualifié” Albert Londres.
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