Radio Mary Poppins
À partir des années 1970, quelques groupes de jeunes passionnés de radio commencent à émettre localement sur la FM, principalement au profit des opposants aux projets de centrales nucléaires (Radio Verte Fessenheim en Alsace, Radio Libre 44 à Nantes) ou des syndicats de secteurs industriels en déclin (Lorraine cœur d’acier à Longwy, Radio-Quinquin dans le Nord…), d’où leurs surnoms à l’époque de « radio pirate ». Le 13 mai 1977, Radio Verte émet sur Paris et annonce le lancement de dizaines de radios FM un peu partout en France. Le défi fait grand bruit, les stations se multiplient et l’état multiplie saisies et brouillage. Considéré par le Premier ministre Raymond Barre comme « un germe puissant d’anarchie » les radios libres de la FM peinent à exister. L’élection de François Mitterrand en 1981 marque un changement véritable puisqu’il est favorable aux des radios libres, ayant lui-même soutenu et s’étant exprimé sur Canal 75 proche du PS, pendant la campagne présidentielle.
Après avoir hésité face à l’opposition de la presse écrite, les socialistes entament une timide libéralisation de la FM, avec une limitation de la puissance, et l’interdiction de revenus publicitaires. Bientôt ces contraintes cèdent au profit des stations les plus puissantes et les mieux organisées
Brève histoire de la première radio pirate de la région
Au début des années 1980, une radio pirate émet de façon illégale depuis le grenier de la mairie de St jean de la Ruelle : radio Mary Popin’s. Quelques Stéoruellans cherchaient à prendre un peu d’avance sur la promesse faite par François Mitterrand de sortir le média radio de la tutelle de l’État. Parmi eux : Georges, adjoint au maire et responsable de la communication, qui avait un fort intérêt pour les nouvelles techniques de communication, Benoît qui s’occupait de la partie technique et Gérard qui deviendra plus tard le président de l’association IOTA qui gérera la radio.
Le président socialiste élu en 1981, la radio s’officialise. Elle déménage au 43, rue Charles-Beauhaire, avec un meilleur équipement.
En raison de conflits internes et d’une mauvaise gestion, la radio cesse d’émettre en juillet 1985. L’association IOTA perdurera cependant et fournira le cadre associatif pour créer Radio Arc-en-ciel, toujours en activité.
Mon premier contact avec Mary Poppins ou RMPI se fait par hasard. J’ai une forte activité politique et syndicale à Orléans depuis 1974. Lorsque je capte la fréquence par hasard je vois tout de suite l’intérêt d’un moyen de communication local indépendant et associatif. Je pense que c’est formidable d’avoir le moyen d’intervenir sur les ondes au plan local et de permettre à tous d’aller donner son avis par un simple déplacement en vélo.
La radio a été créée par quelques jeunes passionnés et l’aide d’un adjoint au maire de St Jean de la Ruelle. Le premier émetteur était caché dans le grenier de la mairie pour éviter la saisie par la police.
En arrivant à RMPI je trouve une équipe motivée et enthousiaste mais aussi les premiers conflits de pouvoir entre Georges adjoint au maire de St jean de la Ruelle et les jeunes. Les jeunes créateurs ont une vision différente, ce qui les intéresse c’est la liberté d’émettre, l’élu cadre chez l’Oréal y voit le développement économique d’une activité nouvelle. Pour aider les jeunes à défendre leur création et maintenir l’équilibre des forces j’accepte de devenir président de la radio pour laisser le temps aux “associatifs” de la radio de s’organiser. L’État se charge de distribuer les fréquences à partir d’un dossier assez complet, RMPI obtient le droit légal d’émettre en 1982 et une subvention importante de démarrage. Le droit et les moyens réclament une nouvelle organisation mais n’améliorent pas les rapports internes, au contraire.
Après l’épisode Georges, sous ma présidence de mai 82 à novembre 82 la radio se stabilise et se développe en associatif sur l’agglomération orléanaise. Elle parcourt rapidement le chemin perdu pour s’affirmer comme la plus originale des radios de l’agglomération. Ne souhaitant pas poursuivre au delà de mon mandat je me retire. Un an plus tard, un nouveau problème surgit entre les fondateurs et le nouveau président François Depigny allié d’Alain Diancourt recruté comme salarié et qui se voit futur directeur de la radio. Suite à de nombreuses altercations avec Alain, j’avais décidé de démissionner du CA en septembre 1983. Le conflit majeur éclate en novembre 1983. Je me refuse à m’impliquer de nouveau mais j’adresse néanmoins une lettre détaillée à la République du Centre pour expliquer la situation, la lettre sera partiellement reprise dans un article du 10 novembre. Malgré tout le conflit débouchera sur la défaite des fondateurs qui ont commis une erreur grave en décrétant l’arrêt des émissions et en s’emparant de l’émetteur. Les mensonges et les fausses déclarations d’Alain Diancourt passeront sous silence face à l’acte injustifiable pour certains de l’arrêt des émissions. C’est la fin d’une utopie.
La république du Centre
article du 5 novembre , article du 9 novembre , article du 10 novembre
les radios libres (source INA) , Radio Arc en Ciel