Vieillir

Maintenir le désir devant la vie qui s’efface c’est tout un programme car en avançant dans le temps, il y a la décrépitude, la maladie, la mort, les absences définitives, les renoncements. Il faut privilégier ce qui est proche, modeste, sans calcul, s’en réjouir tout simplement. Le courage c’est d’être heureux avec ce qu’on a et ce qu’on est, tout en restant vigilant.

La retraite définitive, celle de l’âge est un ensemble de deuils. Au deuil de ce qu’on n’est plus socialement s’ajoute le deuil de ce qu’on ne pourra plus être. Je ne suis plus ce que j’ai été et je ne serai pas ce que je voulais être, mais c’est aussi la possibilité de renaître à soi en toute liberté. Que faire du temps qui me reste à vivre ? La vieillesse peut être la renaissance de soi, on peut y retrouver des sensations oubliées et revivre des moments perdus. L’âge nous a libérés des chaînes du travail salarié et nous permet d’avoir plus de temps pour nous interroger sur le sens de la vie. Bien sûr c’est aussi l’aube de la mort, mais quand l’homme n’a plus d’espoir, il n’a plus de peurs et tout devient possible. « Il n’y a qu’une seule liberté, se mettre en règle avec la mort. Après quoi tout est possible ». Albert Camus Carnets II