Atelier d’écriture, avril 2015
Première séance
Je sais que (échauffement)
Il s’agit dans un temps réduit de produire autant de phrases que possible commençant par : Je Sais Que.
JSQ l’avenir présente autant de risques que d’opportunités
JSQ la raison et l’intérêt ne sont pas toujours compatibles
JSQ l’humain à cette tendance de ne réagir qu’en position d’extrême difficulté
JSQ l’imprévoyance est largement répandue
JSQ tout à une limite
JSQ aucune ressource n’est inépuisable
JSQ chacun espère un meilleur avenir pour ses enfants
JSQ on est plus intelligent à plusieurs que seul
JSQ la santé est la première richesse
JSQ l’argent n’achète pas tout
JSQ nous n’avons qu’une seule planète
JSQ je ne suis que de passage
JSQ l’avenir sera ce que nous en ferons
JSQ je ne suis pas seul, un pas de ma part et des milliers se mettent en marche
JSQ il faut vouloir une vie avant la mort
JSQ celui qui possède un instrument de musique n’ai jamais misérable
JSQ l’individu seul n’a pas de sens
JSQ un outil et un savoir valent plus que leur prix d’achat
JSQ la consommation excessive est une absurdité
JSQ nous sommes tous sur le même bateau, la terre
JSQ je ne sais pas grand-chose mais que j’ai soif d’en savoir plus.
Les mots retenus
A partir d’un texte fourni on choisi pendant la lecture de retenir un certain nombre de mots qui nous plaisent. L’utilisation future n’est pas indiquée à l’avance. Il faudra ensuite écrire un texte intégrant tous les mots retenus.
Soirs sereins | Les peupliers se profilent | Brume au loin | Langage des fleurs |
Choses muettes | montagne | Rayon du soir | volupté |
confins | Vaste univers | Gens fous | Chaumière |
frisson | Existence brumeuse | Lune rouge | Ineffable amour |
corolle | vénus | Ruines pressées | Nuit |
1er texte sur les mots retenus
Dans le Bouchardais, en 2050, il n’y aura peut-être plus de soirs sereins. Sur la Vienne les peupliers se profilent encore dans la brume au loin, le langage des fleurs et des choses muettes expriment toujours la langueur des lieux. Il n’a point de montagne dans les rayons du soir et leur volupté.
Aux confins du vaste univers, loin des gens fous, de côté de L’Ile Bouchard je vis désormais dans une chaumière. Chaque soir, un frisson envahie mon existence brumeuse sous la lune rouge. Bien que mon ineffable amour pour la terre s’épanouisse en corolle de lumière sous le regard de Vénus, je regrette les temps imprudents et les décisions folles. Dans le Bouchardais, au milieu des ruines pressées, la nuit, mon esprit vagabonde vers un avenir inconnu.
2ème texte sur les mots retenus
Dans le Bouchardais, cette nuit, au milieu des ruines pressées de nos espoirs déçus, avec pour témoin Vénus, je rêve à une corolle épanouie de mon ineffable amour de la Terre. La lune rouge éclaire mon existence brumeuse et un frisson me parcourt dans ma chaumière. Les gens fous aux confins du vaste univers par leurs décisions ont brisé la volupté de la vie. Dans les rayons du soir, sans l’ombre d’une montagne, les choses muettes parlent le langage des fleurs. Dans la brume au loin les peupliers se profilent dans des soirs qui ne sont pas sereins.
Deuxième séance
Échauffement
A la place de Je Sais Que on part de “Aujourd’hui” et on improvise.
Aujourd’hui lundi le temps est gris, rien ne bouge et je me sens alourdit, elle me sourit et tout repart.
Aujourd’hui mardi les nuages se dispersent et moi aussi.
Aujourd’hui mercredi il fait beau, les enfants jouent mais je regrette les jeudis d’antan.
Aujourd’hui jeudi il fait grand soleil, je pense à l’enfance et à la semaine des 4 jeudis.
Aujourd’hui vendredi le ciel se couvre et je me découvre une nouvelle ardeur, bientôt dimanche.
Aujourd’hui samedi, peu importe le temps je suis absent.
Aujourd’hui dimanche il pleut et c’est tant mieux car j’ai envie de rester au lit.
Journal d’un optimiste (texte libre sur la vie en 2050 dans le Bouchardais)
Nous sommes le 10 avril 2050 à 101 ans la médecine faisant des miracles j’ai encore bon pied bon œil, il est 7 heures et je me lève. Je pense aux jours anciens où il fallait encore un petit feu les matins d’avril. Le dérèglement climatique et ses quelques degrés de plus ont réduit la corvée. Par la fenêtre ouverte j’entends les cigales et autres insectes venus du sud.
Je fais rapidement une petite toilette en surveillant bien ma consommation d’eau, denrée devenue rare. Pendant ce temps, mon robot de compagnie s’est déjà mis au travail et le petit déjeuner m’attend. Pendant que je grignote, le robot me fait un point de la situation du jour. Il m’indique le temps prévu, mes éventuels rendez-vous de santé et me lit les messages reçus. Il lit avec la voix choisi la semaine dernière, je crois que je vais revenir à la précédente celle-ci m’agace. Il me délivre les nouvelles du jour en synthèse, finit les bulletins d’information journalistique en boucle 10 fois par jour. Il me signale que ma compagne Laurence est au jardin. Elle a enfilé son exosquelette et elle jardine à l’ancienne, elle ne change pas malgré ses 92 ans. Je la rejoins et je fais semblant d’être utile.
Vers 10 heures nous décidons d’aller voir de vieux amis. Nous commandons un transport par voiture sans chauffeur, le prix sera déduit de notre avoir en électricité. Ce n’est pas un problème nous produisons plus avec notre installation individuelle que nous ne consommons. Si les règlements évoluent comme nous le souhaitons, nous pourrons bientôt donner notre surplus au lieu de le vendre.
Avec nos amis nous travaillons sur un projet de restauration de la Collégiale des Roches Tranchelion. Depuis qu’il y a des robots dans le bâtiment, les prix sont devenus plus accessibles pour un tel projet.
Midi sonne au clocher du village et ça nous fait plaisir d’avoir encore ce son. Le transport nous ramène vers notre logis, il est l’heure de se mettre à table. Le robot a tout prévu ; je persiste à l’appeler « le robot » car je suis de ceux qui se refusent à humaniser ces machines. Bien sûr, elles sont merveilleuses d’efficacité, mais il a fallu aux humains beaucoup trop d’épreuves pour qu’on puisse les confondre avec nous et leurs prêter une humanité que nous cherchons encore à conquérir. Après déjeuner, une bonne petite sieste à l’ombre du tilleul nous permet de réchauffer nos vieux os au soleil bienfaisant. Vers 16 h comme chaque jour nous ferons une petite communication avec les plus jeunes membres de la famille histoire de garder le contact. A 17 h c’est l’heure du thé selon un rituel de plus de 70 ans.
Pour la soirée nous allons lancer une recherche avec notre fidèle serviteur « le robot » et nous aider de sa base mémoire pour choisir notre soirée. Ce sera une soirée musicale, un film, un documentaire ou un jeu à distance, selon le disponible et notre envie. Notre journée se termine vers 22 h, à notre âge il faut être raisonnable.
Bonne nuit et fait de beaux rêves me disait il y a très longtemps mon père. Il faut y croire, aux beaux rêves.