L’aventure cévenole (1988-1991)

Nos randonnées dans les Cévennes avec notre petite tribu nous ont fait aimer cette région et c’est ainsi que en 1986 nous avons décidé d’y acheter une maison pour y poser nos affaires. Au cour du premier trimestre de l’année nous avons adressé quelques dizaines de lettres aux agences immobilières. Nous avons reçu quelques réponses et pris rendez-vous pour le mois de mars afin de visiter.
C’était la fin de l’hiver, sur les plateaux il y avait encore de la neige. Nous avons passé une petite semaine à visiter mais rien ne nous convenait, trop cher, trop isolé ou pas à notre goût. Nous allions repartir déçus, mais le dernier agent immobilier à Ganges nous déclara “je ne vais pas vous laisser repartir comme ça”, “j’ai quelque chose à vous montrer, c’est une maison de famille inhabitée depuis longtemps. Il y a des travaux mais ça peut vous convenir”. C’est ainsi que nous nous avons opté pour le maison du cousin.
En effet, il y avait du travail mais le prix était modeste. La maison était sur trois niveaux avec une cour de 80m2 environ au sol couverte de lierre que nous avons enlevé à la barre à mine. Au rez de chaussée une cuisine, une salle à manger donnant sur une petite pièce. Après un peu de réflexion sur la cloison, porteuse ou pas porteuse, impossible de savoir, vers minuit, je me déciderai à l’attaquer pour faire une grande salle à manger. C’était risqué car rien ne me disait que la cloison n’était pas porteuse. Le lendemain matin il y avait un tas de gravats et le plafond ne m’était pas tombé sur la tête.
Au premier étage trois chambres et une salle d’eau avec douche. Au deuxième étage une grande pièce aménagée pour des réunions de jeunes qui avaient squatté jadis, une très petite pièce et une salle de bain.

Le 30 juin 1988 a pris fin mon détachement à Gennevilliers. Après quelques mois de salariat en tant que conseiller spécial du président Roger Courtois chez Courtoisie, En octobre 1988, j’ai rejoint Laurence à Laroque pour créer la SARL “Eleis” (Entreprise languedocienne d’électronique, d’informatique et de service) au capital de 100 000 francs. C’était une manière de franchir un nouveau pas en passant du salariat à l’entreprenariat. Nous n’avions pas d’argent d’avance. J’ai écrit à mon père pour lui dire que je voulais faire changer la famille de statut, il m’a prêté cinq mille francs pour abonder au capital sans vouloir participer directement en tant qu’actionnaire. Notre apport a été constitué par le rachat des droits Assedic. Le reste du capital a été trouvé par des prêts, la tante Lili et Dona ou des participations, 5% par Yann et 45% par la société Courtoisie contre une promesse d’achat de logiciel. Le nom de la société a été trouvé par Laurence, “éléis” est un mot qui désigne aussi un palmier à huile.

De 1988 à 1991 nous avons habité notre maison en cours de restauration, à Laroque dans la vallée de l’Hérault. C’est là, qu’avec Fabienne et nos deux chiens, Laurence et moi attendrons l’arrivée de notre premier fils Pierre. De nombreux projets prendront corps sous le soleil de l’arrière pays Héraultais. Le développement de la société s’est fait sur notre capacité d’innovation et notre imaginaire. Nos travaux furent pour la plupart des innovations pour le Minitel. Notre premier contrat sera un agenda électronique de prise de rendez-vous à distance par Minitel pour les médecins, un ancêtre de Doctolib en quelques sorte. Pour ce premier contrat je m’engagerai à une obligation de bonne fin. A l’époque les sociétés d’informatique avaient l’habitude de s’engager sur une obligation de “moyens” pas de “bonne fin”. Un serveur pour l’inscription au concours de contrôleur à France Telecom verra quinze mille inscrits en une semaine. Une application pour l’évaluation à distance des employés de France Télécom avec la DFPT (Direction de la Formation des Personnels des Télécoms), spécifiée par Eleis et développée par PA Informatique. Cette application sous le nom d’Évaluatis sera présentée par la DFPT pour un financement européen. La marque Evaluatis sera déposée plus tard par Bertrand mais ne connaîtra pas de suite car le Minitel venait d’être rattrapé par le développement de l’Internet

Après une étude exhaustive du secteur des bornes interactives pour la Cise, Eleis commencera la mise en place de bornes interactives et de diffuseurs vidéo dédiés au tourisme dans plusieurs communes de l’Hérault. exhaustive du secteur en développement des bornes interactives pour la Cise, Eleis commencera la mise en place de bornes interactives et de diffuseurs vidéo dédiés au tourisme dans plusieurs communes de l’Hérault. D’autres travaux seront réalisés tel qu’une étude pour la création d’un vidéodisque de formation sur la sécurité routière pour le CNFPT (Centre National de le Fonction Publique Territoriale), l’implantation de deux serveurs vidéotex pour le centre de pharmacovigilance de l’hôpital de Montpellier et pour un service de l’hôpital de la Timone à Marseille. Les ventes de serveur privés, les contrats d’étude ou de conseil et la vente de composeurs d’écran permettent un développement correct de la société et le remboursement des emprunts familiaux. Cependant, cela ne suffisait pas à sécuriser nos deux salaires, aussi je saisirai l’occasion d’un partenariat avec Auxiliaire System (agenda médecins) pour un développement dans le tertiaire basé sur la jonction de la technique informatique et du service à distance. Dans le même temps Laurence donne des cours à l’Université de Montpellier, ce qui nous permet un partenariat avec l’Université de Montpellier. La vente de logiciels se fera grâce à une offre spéciale de Courtoisie, un package incluant un scanner, outil rare à l’époque. Le professeur intéressé par l’offre voulait mettre au point un corrigé automatique pour des contrôles sur QCM de ses quelques huit cents élèves. Il nous demandera de ne pas détailler la facture. Le scanner n’a pas suivi le même chemin que les logiciels.

L’année 1989 sera un moment d’initiatives, de créativité et de plaisirs simples avec Fabienne venue nous rejoindre pour terminer ses études secondaires puis notre fils Pierre à partir de juillet. Les promenades en montagne avec nos deux chiens alternent avec des moments de travail intense. Les visites d’été par la famille et les amis seront nombreuses la première année. Tout cela durera jusqu’à la maladie de mon père, un cancer de la gorge qui se généralise rapidement. Après plusieurs mois de souffrance durant lesquels j’irai le voir toutes les deux ou trois semaines, en juin 1990, il meurt. Les dernières semaines il souffrait atrocement, il n’y avait pas encore les soins palliatifs. Après son bac, Fabienne décide de partir comme “jeune fille au pair” aux États Unis. J’ai 42 ans, je me sens loin de mes grands enfants et de ma région d’origine, la Touraine. Après la mort de mon père c’est la déprime, perte de dynamique, crise de larmes, doute, etc. Laurence me soutient et nous décidons de repartir vers la région Centre à Orléans à proximité de mes grands enfants. Ce ne sera pas à Tours ; mon père est mort et Laurence n’est pas tentée par la Touraine. Notre maison de Laroque est louée et c’est le déménagement, nous allons poursuivre notre expérience d’entreprise à Orléans.

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(à développer : St Jean de la Ruelle)

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