Nos randonnées itinérantes
Le plus souvent Frédérique, Bertrand et Fabienne habitent avec nous. Pendant les vacances nous découvrons des espaces non encore expérimentés avec les randonnées pédestres itinérantes. Nous partons sac au dos pour des périples de trois semaines.
La Bastide Puy Laurent à St Chely d’Apcher 1981
Notre première randonnées nous conduira de La Bastide Puy Laurent à Florac puis Sainte Énimie, Marvejol et St Chely d’Apacher. Les enfants couchaient dans une tente prêtée par Annick la sœur de Laurence. Laurence et moi couchions à la belle étoile dans nos sacs de couchage à même le sol sur une bâche plastique contre l’humidité. La tente prêtée n’avait que trois places pour les enfants. Une fois par grosse intempérie nous nous y sommes réfugiés tous les cinq. Nous aurons aussi l’occasion de nous faire hébergés dans des gites ou des granges à foin et découvrir les capacités d’accueil des cévenols. Il faut souligner les randonnées de ce genre étaient rares à l’époque et que la présence des enfants nous valait confiance immédiate.
Parmi nos souvenirs, il en fut un particulier lors de notre rencontre avec deux petites chiennes en pleine montagne. Soucieux de leur sort nous les avions attachées et emmenées avec nous jusqu’à un poste téléphonique, improbable mais existant sur une route de montagne. Nous avons pu ainsi appeler leur maître grâce au numéro sur les colliers. Nous avons attendu qu’il vienne les récupérer. A notre grande surprise l’homme est venu avec des glaces pour chacun de nous. Une délicatesse de sa part et un miracle après nos kilomètres au soleil.
Une autre rencontre souvenir est celle d’un écrivain-paysan-philosophe nommé Bertrand de son nom de famille. Son fils s’appelait Bertrand Bertrand, normal. Pour ce philosophe du fond des Cévennes “La terre est une putain et les hommes ses macros”. Ce n’est pas faux. Nous avons bien discuté, mangé du jambon maison et dormi dans la grange après être allé voir un âne laissé là par des amis de passage. Avec leur âne ils avaient fait le tour des Cévennes sur les traces de Stevenson avec leur enfant de deux ans. Nous avions acheté le livre de leur aventure mais je ne sais pas ce qu’il est devenu.
Notre dernière étape nous a fait découvrir le viaduc de Garabit. Ce viaduc est un projet de l’ingénieur des ponts et chaussées Léon Boyer originaire de Florac qui en confie la finalisation et la réalisation à Gustave Eiffel et sa société. Le chantier de la construction ouvert en janvier 1880 se termine en septembre 1884 et la mise en service est effectuée en 1888 par la Compagnie des chemins de fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne concessionnaire de la ligne. Cet ambitieux ouvrage métallique, long de 565 m, qui culmine à 122 m au-dessus de la rivière, est alors le « plus haut viaduc du monde » ; jusqu’en 1886, son arche était également celle ayant la plus grande portée au monde.
Le tour du mont Aigoual par L’Espérou 1982
La seconde randonnées nous emmènera de Le Vigan à Valleraugue par le Mont Aigoual. Avant d’arriver à l’Aigoual, nous avons eu droit à un orage mémorable. En quelques minutes notre chemin se transforma en torrent tant et si bien que nous avons du rebrousser chemin pour nous réfugier dans un abri de berger petit et très noir de fumée. Nous ne pensions pas pourvoir atteindre le gite qui nous attendait quelques centaines de mètres plus haut. C’était plus prudent car les orages sur l’Aigoual sont assez terribles. Le mont Aigoual est le plus haut sommet du Gard, et le 2ème plus haut de Lozère. Il culmine à 1565 mètres d’altitude. En haut on a une vue sur 1/4 de la France des Pyrénées aux Alpes, avec aussi une vue sur le massif du Sancy, En haut du Mont Aigoual se trouve une station météo.
L’élément le plus important à prendre en compte pour ce parcours, c’est la météo. C’est pas pour rien qu’un observatoire a été construit ici : l’Aigoual est au croisement perturbé des masses d’air océanique et méditerranéenne, neige, brouillard et givre l’hiver et risque d’orage l’été. Même en été, il peut faire bien froid au sommet, d’autant plus que le vent n’y est pas rare. Avant de se lancer dans cette partie de randonnée, il faut vérifiez la veille les conditions météo annoncées sur l’Aigoual. Il peut faire beau et chaud à Nîmes et Montpellier, pendant qu’une tempête s’abat sur le Mont Aigoual. Au cas particulier, nous, n’avions pas le choix car nous arrivions par le nord où il n’y a pas de village. Il fallait bien descendre.
La descente sur Valleraugue par les 4000 marches n’est pas courante, d’habitude on monte par les 4000 marches. Le parcours offre des paysages extraordinaires. La distance du sommet à 1571 m d’altitude jusqu’à Vallerauge est d’une dizaine de kilomètres pour environ 3 h30 de descente.
Latour de Carol – Argelès sur Mer 1983
Pour la troisième randonnée ce sera les Pyrénées, de La Tour de Carol à Argelès sur Mer en passant par Py et le Canigou. Pour cette randonnée nous avions avec nous un ami de Bertrand et Fabienne. Prendre le train de nuit à Paris fut une expérience hors des sentiers battus, nous étions six, soit un compartiment entier. Aujourd’hui les trains de nuit ont pratiquement disparu et sont remplacés par des TGV. L’intercité de nuit Paris -La Tour de Carol est un des rares survivants. Pourtant ce moyen de se déplacer est nettement supérieur, pas d’hôtel à payer et dès le matin on est à pied d’œuvre. Nous sommes partis vers 22h pour arriver le lendemain matin vers 9h30.
Après un petit déjeuner il nous restait un petit bout sur route pour attraper le GR qui fait le tour du Carlit. Ensuite nous avons pris le GR10 près du lac des Bouillouses. La suite nous a conduit de Superbolquère vers Arles sur Tech en passant par Py et l’abbaye de St Martin du Canigou. Pour l’anecdote et le souvenir, Py était une étape importante surtout pour Frédérique qui devait y retrouver son petit ami. J’ai laissé à Py ma petite troupe pour aller jusqu’à Vernet les Bains (ou peu-être St Martin du Canigou) à une dizaine de kilomètres, chercher le dit petit ami. Nous sommes restés deux jours à Py. Après le départ nous avons eu droit à une Frédérique des mauvais jours, c’est là qu’elle a eu droit à ma plus grosse colère après ma plus grande peur. Elle était à la traîne si bien qu’au bout d’un moment nous l’avions perdue. Il m’a fallu redescendre longuement avant de la retrouver se prélassant au bord d’un ruisseau. Compte tenu du nombre important de faux sentiers elle aurait pu se perdre d’où ma colère.
Pour atteindre le Canigou, nous avions emprunté une variante assez difficile en passant par le pic Joffre et ses champs de myrtilles. En arrivant aux chalet des Cortalets où nous avons campé nous étions très fatigués et nous avons renoncé à gravir la Canigou en nous mélangeant avec la masse des touristes arrivés là en voiture.
Nous avons rejoint Argelès sur Mer depuis Arles sur Tech en car. Nous campions à deux ou trois kilomètres de la mer dans un camping à l’intérieur des terres, avec espace et piscine pendant que “les touristes” vivaient l’enfer du bord de mer avec le bruit, la poussière et les odeurs de frites et de graillon. Notre randonnée s’est terminé au bord de la Méditerranée.
de Py au Canigou Py Abbaye Saint-Martin du Canigou Py-Cortalets Py au loin Le Refuge Cortalets Arles sur tech le carreau de la mine Arles sur Tech l’Abbaye Arles sur Tech
la sainte tombe
Carcassonne Millau (1984)
Pour notre dernière randonnée itinérante finie la tribu, Laurence et moi nous lançons dans l’aventure en compagnie de Boscop, notre chien. L’épopée s’est avéré assez pénible au début pour Boscop et pour moi. Le chien n’avait pas la notion des distances, il n’arrêtait pas de vagabonder au lieu de trottiner tranquillement avec nous. Ses excursions continuelles dans les bois alentour lui donnèrent des fins de parcours un peu difficile. Si on considère qu’il faisait sans doute dix fois plus de chemin que nous, cela peut se traduire par des journées de 150 à 200 kilomètres. Il s’est vite calmé.
Notre itinéraire nous a conduit de Carcassonne à Millau par les GR7, 71, 66 et 62 en passant par La Bastide Rouairoux, St Pons de Thomières, Olargues, Douch, les gorges d’Héric, Lamaloux les Bains, La Tour d’Orb, La Courvertoirade, Dourbie, Montpellier le Vieux pour arriver à Millau,
Les paysages étaient magnifiques et tout s’est bien passé à l’exception d’une funeste rencontre. A proximité de Lodève nous avons avisè une voiture dans un chemin impropre à la circulation. Par curiosité nous nous sommes avancés et avons découvert un mort dans la voiture. Plus tard nous apprendrons qu’il s’agissait d’un facteur de Lodève. Il s’était suicidé au gaz. La gendarmerie alertée est venu faire un constat et évacuer le corps. Notre moral un peu en berne, des habitants anglais nous ont invités à passer la nuit chez eux pour nous réconforter. Nous avons repris notre route dès le lendemain.
La Bastide Rouairoux sera notre première étape mémorisée, le village se situe dans une vallée du textile ce qui nous fera découvrir de remarquables tissus et laines. Le pittoresque hameau de Douch est certainement aujourd’hui le lieu le plus fréquenté du territoire, à l’époque nous étions tranquilles. Nous avons eu un gite sans résevation. Au cœur du parc régional du Haut Languedoc, il est le point de départ pour de nombreuses balades vers le massif du Caroux. Entouré d’une faune et d’une flore exceptionnelle, son cadre est idyllique. Marqué par l’histoire, Douch a vu se dérouler l’un des premiers combats de la résistance française.
Après avoir arpenté les gorges d’Héric, ponctuées de nombreuses piscines naturelles, se dévoile le hameau d’Héric. Habitat typique de la région, les maisons y sont construites avec des toits en Lauze, soutenus par des charpentes conçues en châtaignier. C’est un site exceptionnel pour les amoureux de la randonnée.
Situé dans l’Aveyron en plein cœur du Causse du Larzac et labellisé “Plus beaux villages de France”, le village de la Couvertoirade nous a charmés avec ses murailles du 15e siècle, son château templier et sa lavogne empierrée, la plus belle et la plus grande du Larzac. Les lavognes du Larzac sont un patrimoine historique Une lavogne désigne une petite dépression aménagée par l’homme sur les causses (« plateaux calcaires ») pour collecter l’eau de pluie et abreuver le bétail, voire lui-même à une époque plus ancienne. Ces excavations naturelles ont été étanchéifiées par un tapis argileux destiné à capter et à retenir les eaux de ruissellement, puis pavées de pierres calcaires afin que les onglons des brebis ne percent pas la couche d’argile. Les lavognes étant essentiellement alimentées par les eaux de pluie et de ruissellement, leur niveau varie en fonction des saisons.
La Bastide Rouairoux Olargues Douch les gorges de Héric le hameau de Héric le hameau d’Héric La Couvertoirade la lavogne
Avant d’arriver à Millau nous avons traversé les amas de Montpellier le Vieux, un site exceptionnel appelé “La Cité de Pierres”, un site extraordinaire mais sans une goutte d’eau. Pour nous rafraichir nous avons du descendre vers la Dourbie. Un petit écart fort plaisant dans la chaleur du mois d’août.
Montpellier le Vieux Montpellier le Vieux Montpellier le Vieux la ville de rochers
“Le Causse Noir est le plus riche de tous ces amas de rocs ruiniformes ; Montpellier-le-Vieux,.. leur capitale compte parmi les villes de rochers les plus remarquables du monde.”
Edouard Alfred Martel spéléologue
chapitre suivant : L’Université de Paris 8 St Denis