Djibi (1985)
La IVème Conférence Internationale pour l’identité culturelle s’est tenue à Dakar du 15 au 17 mai 1985. Le texte introductif à cette conférence indiquait : “Notre monde est engagé dans une révolution de l’information et de la communication sans précédent dans son histoire. Si cette révolution peut menacer l’existence même de civilisations entières, elle peut, au contraire, nous offrir le moyen de développer et d’enrichir toutes les cultures humaines dans leur irremplaçable diversité.”
Cette conférence à réuni 21 pays et 115 participants. Je faisais partie des intervenants au nom de la ville de Gennevilliers sur le thème “Enseignement et popularisation de l’informatique une nouvelle alphabétisation”. Avant moi Daniel Gras, conseiller pour la politique informatique auprès de Jean-Pierre Chévènement alors Ministre de l’Éducation Nationale, avait exposé la politique mise en œuvre pour l’introduction de l’informatique dans l’enseignement primaire et secondaire. Grand chantre de la méritocratie républicaine, Chevènement pensait surtout aux petits français qui devaient apprendre l’informatique comme leurs ancêtres ont appris à lire et à écrire pour servir les usines, sans soucis pour “les sauvageons” des banlieues. Mon approche est très différentes elle s’appuyait sur le travail fait avec les jeunes de Gennevilliers et en particulier avait pour objectif de faire revenir en France Dibi, un jeune sénégalais de notre stage, expulsé faute de papiers en règle.
Le rapport de commission
rapport-de-comission-DakarMon intervention portait sur le fonctionnement et les résultats de la formation de “composeurs vidéotex” à Gennevilliers sur un public de décrocheurs ainsi que sur l’introduction de l’informatique à tous les niveaux dans une ville industrielle comportant 33% d’immigrés, à partir d’ateliers populaires et de centres de ressources de quartier. J’évoquais le cas de Djibi un jeune sénégalais obligé de revenir au Sénégal car ses papiers n’étaient pas en règle. Il n’avait pas pu terminer son stage de formation. Je proposais l’organisation d’un système de jumelage et de collaboration des clubs et centres de formation à l’informatique entre pays (échanges, communications et parrainages), en particulier avec les pays d’origine des jeunes migrants. L’expérience menée et aboutie avec le Québec francophone pouvait servir de référence. J’étais naïf de croire à cette façade de la francophonie. Il n’y aura pas de suite et Djibi demeura dans son pays après avoir gouté à la modernité.
Mon intervention
Le livre tiré du Rapport MacBride et publié en 1980 “Voix multiples, un seul Monde” parle du nouvel ordre mondial de l’information et de la communication. La controverse entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest, est le thème central de l’ouvrage. Les auteurs passent en revue les déséquilibres, les disparités, les déformations de l’information selon les pays, pour en venir à la question fondamentale :
“à quelles conditions une information transmise à sens unique et monopolisée par ceux qui détiennent le pouvoir ( pouvoir fondé sur le savoir, pouvoir de l’argent ou pouvoir tout court) pourrait-elle se transformer jusqu’à s’élargir aux dimensions d’une véritable communication démocratique fondée sur le dialogue de tous avec tous ? “.
Modestement ma proposition voulait être un début de réponse à cette question.