Journée du 24 août 2020
Souvenir d’une journée qui nous vit devenir roi et reine d’un bus de la TAN conduit par “Saïd le Magnifique”.
L’aventure commence le dimanche 23 août, quand nous décidâmes de faire une promenade à bicyclette. La bicyclette, ou vélo, est un véhicule terrestre à propulsion humaine entrant dans la catégorie des cycles et composé de deux roues alignées, qui lui donnent son nom. La force motrice est fournie par son conducteur, appelé « cycliste », en position le plus souvent assise, par l’intermédiaire de deux pédales entraînant la roue arrière par une chaîne. La roue avant est directrice et assure l’équilibre. Son orientation est commandée par un guidon. Le cycliste a souvent les deux mains en contact avec le guidon afin de contrôler la trajectoire, le freinage ainsi que le passage des vitesses.
Tout cela est théorique et de nombreuses fantaisies sont constatées avec les chutes en conséquence. La bicyclette est l’un des principaux moyens de transport dans de nombreuses parties du monde. Son efficacité énergétique est particulièrement élevée.
Mais, reprenons notre histoire! L’épreuve commence avec la consultation de services, ou dits comme tels, sur Internet. La Métropole de Nantes, l’Office de Tourisme et quelques autres propositions mal ficelées plus tard, nous décidâmes de nous en remettre à la bonne vieille carte IGN pour le parcours. Notre ballade ira vers Indre et Basse Indre en Loire Atlantique à ne pas confondre avec « L’Indre à vélo » au bord de la rivière Indre en Touraine.
Nantes une des villes les plus favorables à la bicyclette, offre un service, le « Bicloo ». Pour en profiter nous sommes dès le départ handicapés car ne disposant pas de l’objet fétiche du monde moderne, le Smartphone.
En cherchant bien et après consultation téléphonique de l’Office de Tourisme, nous comprenons que nous pouvons être sauvés par notre précieuse et vieille carte bancaire «Multipass » de chez Carrefour. Elle doit nous permettre d’accéder à la bicyclette de nos désirs. Nous pouvions dormir tranquille en attente de notre promenade.
Lundi 24 août à 14 heures 30, nous sommes face à un grand panneau lumineux à la station 47 “Martyrs nantais” vantant les mérites du « bicloo ». Au dos du panneau sans que rien ne nous l’indique, nous découvrons la borne, un cadre interactif avec clavier et tout le tintouin. Nous devons encore fournir une adresse mail, un téléphone et un mot de passe. Nous allons ainsi avoir le précieux ticket qui libèrera pour nous les vélos.
Ici, il convient de faire un point financier. Pour un euro nous avons droit à un abonnement d’un jour et la 1ère ½ heure est gratuite. En fin gestionnaire nous comprenons qu’il faut remettre le vélo dans une station avant la fin de la ½ heure pour repartir une nouvelle ½ heure gratuite. Nous libérons les vélos, baissons les selles, vérifions l’état des freins et en route vers la première station, “Liberté” près de Chantenay.
Le chemin est plaisant, d’abord sur piste cyclable jusqu’au Musée de la Marine puis sur la voie bus. En passant nous pouvons voir sur notre droite une chute d’eau d’une trentaine de mètres qui se déverse dans une sorte de carrière. Arrivés à la station 17 dite “Liberté” nous rendons les vélos aux étriers espérant les reprendre dans quelques minutes pour repartir la nouvelle ½ heure gratuite.
Hélas, si Laurence obtint un résultat, mon ticket refuse obstinément de libérer un vélo malgré de multiples essais, ticket à l’endroit, à l’envers, sur différents vélos, mais rien n’y fait. Décision est prise de consulter le service téléphonique dont le numéro figure sur le ticket. Après quatre à cinq minutes nous sommes en relation avec le dit service qui nous fait refaire les manœuvres et finit par nous demander le numéro du ticket. Ainsi nous sommes rassurer le vélo est bien restitué mais la solution proposée est de se rendre à une station avec borne pour reprendre un ticket avec le code si c’est possible. Une borne se trouverait à Chantenay, nous dit-on mais sans adresse précise. Après quelques tours et détours sans succès, en fait il n’y a pas d’autre station vélo que celle où nous sommes.
Nous décidons d’aller voir à la gare. Nous aurons la possibilité puisqu’il n’y a pas de borne de prendre le chemin de fer qui peut nous conduire à Indre comme nous l’avons vérifié avant de partir. Désillusion! la gare comme nombre de petites gares, et comme il se doit pour favoriser le tourisme, est fermée. Il nous reste le bus que nous avisons de l’autre côté de la route. Nous trouvons une ligne qui convient, ainsi commence notre épopée en bus. Le conducteur bien sûr n’a pas de masque ce qui nous laisse septique pour la suite mais il ne rend pas non plus la monnaie ce qui nous arrange. Nous venons de récupérer quatre euros à valoir sur l’opération bicloo en juste compensation de notre déboire.
Enfin nous arrivons à Indre puis à pied jusqu’à Basse Indre. C’est un très joli village avec une grande église, fermée bien sûr. Nous décidons de continuer notre randonnée en passant par la rive en face. Le bac est gratuit c’est bien même s’il y a une place très importante pour les voitures et peu pour les piétons ou les cyclistes, ce qui n’est pas très encourageant pour la promotion du vélo. En arrivant sur la rive sud de la Loire nous prenons une petite route forestière très pentue et quelques centaines de mètres plus loin nous sommes au cœur du village de La Montagne. C’est un village assez banal et triste. Il y a peu de commerces et pas de café pour notre thé quotidien. Nous avons de l’eau nous nous contenterons donc d’une pâtisserie.
Pour le retour nous avons le choix entre deux lignes de bus la 78 et la E8. Nous attendons, un bus E8 se présente mais ne s’arrête pas, juste un vague geste du chauffeur que nous ne comprenons pas. Vient ensuite un bus 78, il s’arrête et nous nous apprêtons à nous renseigner sur le sort de la ligne E8 mais nous sommes devancés par trois jeunes garnements de douze ou treize ans qui veulent monter sans masque, le chauffeur refuse. Nous pensons au chauffeur qui n’en a pas mais c’est autre chose. Un des garnements est particulièrement insolent et par ses facéties et provocations bloque le bus. C’est une partie de cache-cache agitée jusqu’à ce que le chauffeur excédé appelle la maréchaussée ; le bus est alors immobilisé.
Un E8 se pointe avant que nous ayons pu poser une question ; nous passons devant le 78 pour faire signe au chauffeur. Miracle, il s’arrête et ouvre la porte. Nous entrons dans l’univers de Saïd. Il nous confirme que c’est gratuit, pas de monnaie, et que le E8 ne s’arrête pas là mais quelque dizaines de mètres plus loin. Il y des mystères dans l’organisation de ce réseau de bus nantais.
Le chauffeur est un type jovial qui mérite quelques mots, je lui rapporte le problème de son collègue ça ne semble pas l’émouvoir. Je vais ensuite m’assoir près de Laurence à quelques sièges de là. Nous sommes rapidement seuls dans le bus. Soudain, un cri de joie de notre chauffeur « vous êtes le roi et le reine, je conduis le roi et la reine ». Je m’approche de notre nouveau sujet, il est hilare et me dit : « si personne ne monte à la prochaine, jusqu’au terminus vous seraient le roi et la reine et je conduirai un roi et une reine ». Il n’y a personne à la station suivante et notre nouveau sujet, chauffeur de son état est ravi. La conversation nous apprend qu’il est d’origine marocaine avec un passage assez long en Espagne. Il risque quelques mots en espagnol, le roi n’est pas bilingue c’est Laurence qui lui répond. Notre sujet-chauffeur est de plus en plus joyeux. La France c’est mieux pour travailler, me dit-il, mais l’Espagne c’est mieux pour le moral. Il est bien décidé à rester bon vivant et très sociable. Il nous raconte que lorsqu’il croise ses collègues il leur fait toujours bonjour de la main. Mais parce qu’il est trop petit les chauffeurs ne voient que sa main. Cela l’amuse beaucoup. La conversation continue et nous amène vers ces quelques mots « avec le temps… » à ce moment c’est le talent de chanteur de notre nouvel ami qui se révèle, nous avons droit à un petit passage chanté de « Avec le temps » de Léo Ferré, une référence qui nous rapproche. Il est un admirateur de Léo. Un peu plus tard ce sera « Ma liberté » de Moustaki, « ma liberté longtemps je t’ai gardé comme une perle rare… ». Décidément c’est une belle rencontre, mais nous arrivons à Pirmil.
Saïd nous propose de refaire le tour avec lui mais nos royaux personnages sont fatigués et nous déclinons l’offre.
Nantes lundi 24 août 2020